Solesmes. « Entre Zita et Solesmes, des liens depuis l’enfance »
L’Association pour la béatification de l’Impératrice Zita tiendra son assemblée généralesamedi à la Marbrerie, à Solesmes. Les liens de l’ex souveraine avec Solesmes étaient très forts.
Journaliste, historien, essayiste, Jean Sévillia, président de l’Association pour la béatification de l’Impératrice Zita, évoque les liens très forts qui ont uni la souveraine aux deux communautés bénédictines de Solesmes.
« Le Maine Libre » : À quand remontent ses relations avec Solesmes ?
Jean Sévillia : « À l’enfance. Les Bourbon Parme, la famille de Zita, sont très proches de Solesmes. Zita passe ses vacances au château de Chambord, alors propriété de sa famille. La proximité familiale et spirituelle est encore renforcée par l’entrée en religion, à l’abbaye Sainte-Cécile, de trois sœurs de Zita. »
Comment ces relations évoluent-elles ?
« En 1911, Zita épouse Charles d’Autriche qui, petit-neveu de François-Joseph, devient à son tour empereur en 1916, en pleine guerre. Mais, déchu, exilé, il meurt à Madère en 1922. Veuve à 30 ans, commence pour Zita un long périple international : Espagne, Belgique, Québec… Elle ne peut séjourner à Solesmes, réduite à des relations épistolières. »
Oblate de l’abbaye Saint-Pierre, Zita a-t-elle été tentée par l’entrée dans les ordres ?
« Oui. Mais la hiérarchie ecclésiastique et sa famille, tout à la fois, ne sont pas enthousiastes. Zita est alors grand-mère. Ses enfants estiment qu’elle se doit à ses petits-enfants. Mais, fait rarissime, un indult (autorisation) lui permet de passer trois mois chaque année à Sainte-Cécile, suivant la vie d’une simple sœur, entre le début des années 50 et le milieu des années 70. L’ex impératrice est morte en 1989, à l’âge de 97 ans. »
Et le processus de béatification ?
« Le procès s’est ouvert en 2009. Un « actor » (acteur) doit porter la cause. En l’occurrence, l’association que je préside, formée de laïcs. De son côté, un postulateur, un prêtre, se charge de « faire marcher la machine ». Son enquête recueille des témoignages, 35 à ce jour. C’est la phase diocésaine du procès qui, je l’espère, sera achevée dans quatre ou cinq ans. »
Et ensuite ?
« Ensuite, après les conclusions de Mgr Yves Le Saulx, évêque du Mans, s’ouvrira la phase romaine. Tout sera alors entre les mains du Saint-Père. »
Pour être béatifié, il faut la preuve d’un miracle (deux pour être canonisé). Existe-t-elle ?
« Je n’en sais rien, nul n’a accès au dossier, pas même moi. Mais j’ai des intuitions, nous avons des indices de grâce. Je rappelle que Charles d’Autriche a été béatifié en 2004. Zita est dans la droite ligne de son mari. Elle est un symbole de paix à deux égards : mère, grand-mère, elle incarne une idée belle et tendre. Elle a été souveraine, c’est-à-dire symbole d’union, de peuples qui se sont violemment opposés, et qui se déchirent de nouveau. La partie occidentale de l’Ukraine, la Bucovine, faisait alors partie de l’empire austro-hongrois. »